installation/performance Production Culture Commune, résidence de création à La condition publique
















À l’orée d’un site réhabilité par la commune de Barlin, deux terrils arasés, devenus verdoyants, accueillent la première version du Module / Mobil, dispositif scénique conçu par François Andes. Cette caravane, modulable à l’envie, évidée et tapissée d’aluminium, double sa superficie par l’ouverture complète de son panneau arrière, déployant ainsi une estrade métallique, surplombée d’un auvent. La nouvelle configuration du mobil, étiqueté M/M, le métamorphose en dispositif convertible pour des représentations publiques dédié à l’expression artistique contemporaine : projections de vidéos, interventions musicales ou vitrine de communication culturelle. Ce week-end, les 22 et 23 septembre, à l’occasion de la fête d’Artois Comm., l’agglomération commanditaire du projet, François Andes présente la première combinaison de cette pièce d’origami. L’acteur Franck Andrieux et le musicien David Bausseron assiègent cet espace expérimental, respectivement pour une prestation vocale, une prestation sonore, et l’un et l’autre, pour une performance théâtrale de dix minutes. La joute oratoire improvisée qui se joue entre un colonialiste et un ours capturé en vue de sa domestication, se construit à partir d’extraits de textes sélectionnés dans l’univers fantasmatique de François Andes. Librement interprétées par les deux protagonistes, ces histoires d’ours, fauves considérés comme ancêtres de l’espèce humaine, sont tirées de récits mythologiques, de la littérature poétique et romanesque, ou du 7e art. Déstructurées ou recomposées, à mesure qu’interviennent la musicalité du langage et la grammaticalité des sons, ces jongleries de textes, de gestes et de sonorités, éprouvent et démultiplient le sens de ces contes oniriques. Les parois réfléchissantes de la caravane absorbent l’image du colonisateur et de l’ours qui se jouent la comédie ; celui-ci, désacralisé et voué à la contrainte par celui-là, à moins que ce ne soit le contraire, renvoie de nombreux points de convergence.
Ce dialogue à trois voix n’est finalement qu’un monologue déphasé, dont le sens s’éclaircit à l’aune de la confusion des genres. François Andes questionne ici la condition humaine au regard d’une métaphore filée de l’animalité qui dépasse la simple dialectique.

Anne Giraud. Septembre 2007